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À travers bois

Nous cheminâmes pendant quelques heures à travers bois, sans jamais nous éloigner beaucoup du Saint-Laurent, descendant le fleuve vers Tadoussac. J’étais fatiguée et mon estomac protestait bruyamment de ne pouvoir être satisfait. Même si j’étais convaincue que le jeune homme parlant ma langue se serait fait un devoir de remédier à ma famine, je ne parvenais pas à franchir la barrière silencieuse qui s’était installée entre nous depuis notre départ de la baie. Il me semblait préférable de déranger les habitudes du groupe le moins possible. Mes dernières expériences de la vie en communauté ne m’incitaient guère à fraterniser.

Tant bien que mal, je tentais d’oublier ma triste situation en observant à la dérobée mes compagnons d’infortune. J’avais déjà compris que le jeune polyglotte devait être soit un coureur des bois, soit un colon ayant fui délibérément le dur labeur du défrichage de la terre – et du mariage ! – pour profiter de la liberté enivrante des territoires encore sauvages et des jolies Indiennes, beaucoup moins pudiques que les femmes de sa propre race.

Il avait les cheveux longs et bruns, noués sur la nuque par un lacet de cuir Ses yeux bleus regardaient au sol plus souvent que nécessaire, comme si tout l’intimidait. Grand et mince, ses jambes puissamment musclées, de même qu’un teint basané, témoignaient d’une existence au grand air qui n’avait rien de récent. Il est vrai que l’on devenait un homme très tôt au temps de la colonie, ne se fiant ni sur papa ni sur maman pour nous soutenir jusqu’à trente ans… Je souris malgré moi en imaginant nombre de mes connaissances d’une autre vie, obligées de subvenir à leurs besoins avec pour tout équipement un couteau et leur volonté souvent défaillante. Remarquant que je venais de décrire ma propre position, mon sourire s’estompa instantanément.

Les heures passant, j’avançais mécaniquement, mue par le seul désir de survivre à tout prix. Avec bonheur, je vis enfin le soleil descendre derrière l’une des nombreuses montagnes qui nous entouraient, espérant que cela entraînerait la fin du voyage pour aujourd’hui. Je fus cependant surprise de constater que nous rejoignions un second groupe. Vraisemblablement les familles des hommes qui m’accompagnaient, de même que les autres membres de la bande.

Un feu brûlait. Plusieurs s’activaient autour, préparant le repas. Je restai en retrait de la fébrilité qui régnait sur les lieux. Je me sentais tellement étrangère dans cet environnement d’un autre temps ! Je faisais des efforts considérables pour ne pas éclater en sanglots…

Appuyée à un arbre, l’esprit ailleurs, j’étais préoccupée non seulement par la nécessité de me tirer de ce mauvais pas, mais aussi par la façon de revenir sur la Terre des Anciens pour une courte période. En fait, juste le temps de reprendre les démarches pour atteindre la bonne époque. Dans combien de temps ne guetterait-on plus avec avidité mon retour sur les berges de la traverse maudite ? Savait-on que je n’étais pas apparue où je le désirais ? Si c’était le cas, me viendrait-on en aide ? Comment ? Existait-il encore quelqu’un pouvant voyager à mon image, sans séquelles physiques et psychologiques permanentes ? Comment me retrouverait-on puisque les habitants de la Terre des Anciens ignoraient tout du monde de Brume ? Pouvais-je compter sur Alix alors que les voyages étaient réservés aux Sages et aux Filles de Lune ?

— Vous devriez vous approcher du feu. Les nuits sont plutôt fraîches et la chaleur que vous emmagasinerez vous aidera.

La voix de mon jeune interprète me fit sursauter, m’obligeant à mettre un terme à mes questionnements. Je restai pourtant muette. Je n’avais aucune idée de ce que j’aurais bien pu lui raconter pour engager la conversation.

— Venez, dit-il en me tendant la main. Vous verrez, ils sont très accueillants. Peut-être seront-ils aussi un peu curieux. Il est plutôt rare qu’ils rencontrent une Blanche, surtout les femmes et les enfants. Quant aux hommes, ils ont l’habitude de traiter avec les hommes. Ah, au fait…, je me nomme Fabrice.

— Et moi, Naïla.

Je lui tendis la main en retour, le remerciant par ce geste de sa sollicitude. Il me conduisit près du feu où cuisait ce que je présumai être leur pêche du jour, de même qu’une espèce de ragoût dans une énorme marmite de fer. Je m’assis en tailleur, plaçant mes jupes autour de moi, et j’attendis. Un coup d’œil discret me permit de constater que la plupart des individus me jetaient, de temps à autre, un regard curieux, sans plus. Les enfants, quant à eux, échangeaient des messes basses, tout en me pointant parfois du doigt. Les femmes se tenaient à une distance respectueuse, se demandant probablement ce que je faisais parmi eux sans homme. Je cherchai des yeux le chef de la troupe qui m’avait amenée jusqu’ici. Je ne le vis nulle part.

Lisant manifestement dans mes pensées, Fabrice me désigna un abri du menton, plus loin vers la droite.

Je dus avoir l’air inquiet parce qu’il jugea bon de préciser :

— Ne vous en faites pas. Nous vous escorterons jusqu’au poste de traite. C’est la route que nous devons suivre pour rejoindre les campements d’hiver.

On m’apporta bientôt à manger, ce qui mit fin à notre bref échange. Dans un bol d’écorce, je reçus une large portion de ragoût. La jeune femme qui me le tendit prononça quelques mots à l’intention de Fabrice. Je faillis m’étrangler lorsque je saisis la teneur de ses propos. Ne pouvant pas montrer que je comprenais, je dus attendre que mon interprète traduise ce que je savais déjà. Il mit par contre un certain temps à se décider, regardant en direction d’une très vieille femme qui me fixait ; ses yeux me transperçaient, comme s’ils sondaient mon âme. Curieusement, je n’étais pas intimidée ; peut-être avais-je trop vu d’étrangetés dans les six derniers mois pour m’étonner que l’on puisse si facilement lire en moi.

— Uapikun dit qu’il vous faut manger beaucoup si vous voulez que les filles que vous portez soient en bonne santé…

Il cessa de regarder en direction de l’aïeule pour se tourner vers moi, l’air franchement interrogateur. Il attendait visiblement que je réagisse à cette déclaration plutôt inattendue. Je me contentai de sourire, haussant les épaules en signe d’impuissance.

— Elle a vu juste, si c’est ce que vous désirez savoir. Mais je n’ai pas envie de m’étendre sur le pourquoi du comment. J’apprécierais que vous ne posiez pas de questions si…

Il ne me laissa pas terminer.

— Je n’ai nullement l’intention d’enquêter sur votre passé, qui ne concerne que vous. Vous devez cependant savoir qu’Uapikun vous met en garde. Elle dit que ce sera une grossesse difficile et que vos semblables auront peur de vous et de vos pouvoirs si vous regagnez votre monde.

Il soupira.

— Je ne sais pas pourquoi je vous répète tout ça ! J’aurais mieux fait de m’arrêter après la recommandation de bien manger. Je suis désolé…

Je me gardai bien de lui dire que j’avais déjà compris le message de la doyenne en entier.

— Ne vous en faites pas pour cela, dis-je, résignée. On m’a prédit bien pire que cela concernant les enfants que je porte… Je commence à m’y habituer.

Nous n’ajoutâmes rien, nous concentrant plutôt sur le contenu de nos écuelles. Je me demandai cependant si le terme « monde » s’appliquait à la possibilité que je puisse vivre dans la colonie ou plutôt à l’univers que je venais de quitter. Je relevai les yeux, cherchant la vieille femme. Elle n’était plus là. Revigorée par mon repas et la curiosité l’emportant, je voulus en apprendre davantage sur Fabrice.

— Il y a longtemps que vous vivez parmi les sauvages ?

Je pris soin de ne pas parler d’Amérindiens, puisque cette appellation n’existerait que dans quelques centaines d’années. Une ombre traversa le visage du jeune homme.

— Après une vingtaine de lunes, j’ai cessé de compter…

Il soupira à nouveau.

— À l’origine, je ne devais passer qu’une ou deux saisons parmi eux, le temps de comprendre leur langue et leurs coutumes, pour ensuite servir d’intermédiaire pour le commerce. Cette façon de vivre me semblait le meilleur choix. J’avais peu d’attirance pour l’engagement chez un particulier ou le travail de la terre et, comme j’avais payé mon voyage de la France jusqu’ici, j’étais libre de choisir. Toutefois, j’ai rapidement pris goût à cette existence de liberté et d’indépendance où les obligations sont très différentes de ma vie d’avant… Cela doit bien faire six ou sept ans maintenant.

— Pardonnez mon indiscrétion, mais vous semblez nostalgique. Pourquoi ne pas tout simplement revenir dans la colonie ?

Il m’adressa un sourire triste.

— Oh, ce n’est qu’une mauvaise passe. Vous savez, même si l’on n’a aucune aptitude pour la vie de paysan, il arrive parfois que le mal du pays revienne nous hanter durant quelques jours.

Je n’insistai pas, présumant que j’étais responsable de ce mal du pays. La vision de ma personne si incongrue dans cette petite communauté ne pouvait que lui rappeler d’où il venait. Entre-temps, la nuit s’était confortablement installée et Fabrice m’invita à ne pas veiller trop tard auprès du feu.

— La route est longue jusqu’à Tadoussac et compte tenu de votre état… Il faut vous reposer si vous ne voulez pas que la marche devienne un calvaire. Je vais voir si je peux vous trouver une couverture.

Je restai seule, n’osant regarder personne. De toute manière, je n’étais pas censée connaître la langue et donc dans l’impossibilité d’engager une conversation. La plupart des Indiens s’éloignaient du feu pour se retrouver sous des abris temporaires, en petits groupes que je présumai être des familles. Nous ne fûmes bientôt plus que quelques-uns autour du feu, chacun s’absorbant manifestement dans ses pensées. Un calme quasi surnaturel régnait aux alentours, à peine troublé par des murmures ici et là, un hululement dans la nuit ou un craquement de branches.

Malgré les nombreuses présences autour de moi, un long frisson me parcourut et une peur irraisonnée s’empara de moi. J’avais beau me répéter que cette terreur était insensée, elle n’en était pas moins réelle et me paralysait. Des images surgirent dans mon esprit. Je crus même voir des visages, que je tentais désespérément d’oublier, danser dans les flammes. Je détournai vivement les yeux du brasier, espérant que ces visions se dissiperaient. Ce fut peine perdue ! De nouvelles se formaient dans les ombres des arbres ou des abris. Je changeai de position, ramenant mes jambes vers moi. J’entourai mes genoux de mes bras, y appuyant ma tête, et je fermai les yeux.

Une intense sensation de vertige se fit immédiatement sentir, comme si mes pensées se liguaient pour me faire sombrer dans un gouffre sans fond. Des images de scènes que je n’avais jamais vécues ni vues par le passé défilaient dans mon esprit à une vitesse folle, laissant des empreintes sanglantes. Des créatures plus vraies que nature, mais aussi plus bizarres que toutes celles que j’avais côtoyées à ce jour, se livraient des combats sans merci. D’étranges incantations résonnèrent soudain dans mon crâne déjà douloureux, se répercutant en écho sur l’infinité des montagnes que je voyais en toile de fond de mon imaginaire. J’aperçus également des humains, combattant par la parole ou les armes. De surprenantes créatures laissaient de longues traînées rouges, vertes, bleues ou noires dans leur sillage alors que, visiblement blessées, elles tentaient d’échapper à leur assaillant. Je me retrouvai brusquement face à un homme dans la trentaine, étrangement vêtu. Sa tenue me fit penser aux méchants sorciers des contes pour enfants, malgré son visage sympathique. La concentration se lisait sur chacun de ses traits, de même que la colère et une grande lassitude, comme si ce combat durait depuis trop longtemps déjà.

Je pouvais presque discerner chacune des fines rides qui parcouraient son visage. Je voyais ses longs cheveux noirs flotter au vent et je croisai ses yeux bicolores, qui brillaient d’un éclat surréaliste. Des yeux en tous points semblables à ceux d’Alix. Je rouvris brusquement les miens, ne pouvant supporter plus longtemps cette séance aussi subite que traumatisante. Je savais hors de tout doute que je venais d’assister à un affrontement sur la Terre des Anciens. Appartenait-il au passé, au présent ou au futur ? Je n’aurais su le dire.

 

* *

*

 

Convaincu d’avoir réussi, encore une fois, à tourmenter l’esprit de la Fille de Lune maudite, Roderick eut un sourire cruel. Il comptait bien répéter ce genre de séance chaque soir, jusqu’à ce que cette garce décide de revenir sur la Terre des Anciens ou qu’Alix la ramène de gré ou de force. Sans elle, il ne pourrait accomplir son plus grand rêve : tuer son fils, s’approprier ses pouvoirs et élever son petit-fils tant attendu. Évidemment, l’idée ne l’aurait jamais effleuré que ce fameux héritier put appartenir à l’autre sexe…

 

* *

*

 

Je regardai autour de moi, craignant d’avoir attiré l’attention de l’un de mes voisins. Il n’en était rien. Je réalisai plutôt que j’étais désormais seule devant les dernières flammes. J’expirai bruyamment. Je croyais que la magie ne parvenait pas à franchir la barrière des mondes. Comment des images de cette contrée inconnue du commun des mortels pouvaient-elles me parvenir avec autant de netteté ? Cette expérience eut cependant le mérite de me faire penser à la télépathie ; il ne me coûtait rien d’en faire l’essai maintenant. Je refermai les yeux, m’apprêtant à tenter le coup lorsqu’une main se posa doucement sur mon épaule.

— Je constate que vous n’avez pas suivi mon conseil. Vous allez être épuisée au lever du jour.

Il n’y avait pas la moindre trace de remontrance dans la voix de Fabrice. C’était une simple constatation. Il s’assit à mes côtés, après avoir remis quelques branches sur les braises. Cette soudaine promiscuité avec un homme, près du feu, me ramena brusquement en arrière, sur une montagne perdue au milieu de nulle part, mais surtout à une conversation qui s’était fort mal terminée entre Alix et moi. Agacée, je chassai cette vision dérangeante de mon esprit. Dieu que tout cela me semblait si loin déjà !

— Je présume que vous vous inquiétiez concernant la décision d’Orage d’été ?

Je décidai de ne pas le détromper. Mieux valait que je laisse ses spéculations devenir des réalités pour les besoins de la cause. J’acquiesçai d’un signe de tête, ajoutant :

— J’attendais aussi que vous m’apportiez la couverture promise pour me garder au chaud…

Il se frappa le front du plat de la main et marmonna quelques mots inintelligibles en montagnais, avant de repasser au français avec une facilité déconcertante.

— Je suis sincèrement désolé ! Ça m’est complètement sorti de l’esprit. J’y vais de ce pas…

— Non, non, le retins-je dans un sourire. Je vous taquinais. J’ai tout ce qu’il faut dans mon sac. Vous savez, j’ai dormi plus d’une fois à la belle étoile dans ma vie, dis-je en essayant de paraître désinvolte.

Il n’insista pas. Il me rapporta plutôt sa conversation avec le chef indien. Celui-ci ne voyait aucune objection à ce que je les accompagne jusqu’à Tadoussac où il me serait possible de trouver le moyen de gagner Québec. Tandis qu’il parlait, je sortis la fameuse couverture de mon sac et l’enroulai autour de moi.

— Combien de temps mettrons-nous pour arriver là-bas ? demandai-je, soudain consciente que Tadoussac n’était pas la porte à côté.

— Oh, une semaine, tout au plus.

Je ravalai un juron, mais je ne pus retenir une grimace de dépit. Malgré la faible luminosité des flammes, le jeune homme perçut ma mimique.

— Vous verrez qu’on s’habitue rapidement aux longues marches. Je me souviens très bien d’avoir été rebuté, moi aussi, par les immenses distances à parcourir lors de mes premiers mois de vie avec les sauvages. Je…

Un bruit de pas nous fit soudain sursauter. Orage d’été se découpa sur les derniers rougeoiements du feu. Il prit place à nos côtés. Même assis, il en imposait par sa stature et ses traits burinés par le soleil et le passage du temps. Je ne savais trop comment me comporter en sa présence. J’étais non seulement intimidée, mais aussi ignorante des us et coutumes de ce peuple que je ne connaissais que par le truchement des livres d’histoire. Je gardai donc le silence. Il engagea la conversation avec Fabrice. J’aurais aimé suivre leur échange, mais je fus incapable de me concentrer. Mes paupières se firent de plus en plus lourdes et je m’endormis bientôt, enveloppée dans ma couverture de laine.

 

Le talisman de Maxandre
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